Bracelets, coques de téléphone, vêtements, le liège se décline de plus en plus en objet du quotidien. Loin du traditionnel bouchon de bouteille, dont le Portugal est le principal fabricant, le liège se met à la mode.
Dans une des petites rues tortueuses aux pavés défoncés du Bairro Alto, se niche la boutique très design Cork&co. A l’intérieur, une multitude d’objets fabriqués en liège, mis en valeur sous les lumières de salles épurées entièrement peintes en blanc. Le client qui défile devant fauteuils, clés
USB ou autres abats-jours ne sait plus trop s’il est dans une boutique de mode ou s’il visite une exposition.
Premier producteur mondial de liège
Connu avant tout pour les bouchons qu’on en tire et ses vertus pour isoler les bâtiments, le liège, dont le Portugal est le premier producteur mondial, s’est transformé en un produit raffiné. « Quand on a commencé il y a quatre ans, on était les premiers à faire une boutique avec des objets exclusivement fait en liège« , explique Ana, qui s’occupe du magasin Cork&co. Mais les concepteurs se sont emparés de « ce matériau très flexible, étanche, qui offre beaucoup de possibilités pour les fabricants« . Et au delà des simples objets du quotidien, comme le parapluie qui trône à l’entrée du magasin, de plus en plus de vêtements apparaissent sur le marché.
Dans la boutique sont d’ailleurs exposées plusieurs « oeuvres » de Monica Gonçalves, pionnière dans la confection de vêtements en liège. De sa première création faite de mailles grossières à ses manteaux délicatement ciselés, l’artiste témoigne du chemin parcouru pour apprivoiser la matière. Et aujourd’hui le liège s’est même fait une place sur les podiums portugais de mode.
Mais le réel poids de
ce marché en création reste encore difficile à mesurer, explique-t-on à l’Association portugaise du liège (APCOR), jointe par téléphone : « Sur ces types de produits, nous n’avons pas encore de statistiques fiables car ils viennent de surgir sur le marché.«
Pour le Portugal, à l’origine de 60% des exportations mondiales, la mode reste un débouché marginal. Surtout qu’elle « demande beaucoup d’investissements, de nouveaux équipements et de nouvelles technologies », détaille APCOR. Une solution a priori beaucoup trop coûteuse pour les petits producteurs de bouchons qui subissent de plein fouet la concurrence du plastique et des capsules en métal.
Lucile ALARD