Le célèbre fadiste explique sa passion pour cet art typiquement portugais.
Lumière tamisée, tintements des verres, bruit sourd des voix basses… Ambiance feutrée à l’EstaFado. C’est dans ce restaurant situé à l’ouest du Bairro Alto que nous retrouvons Antonio Pinto Basto, l’un des plus célèbres chanteurs de fado du Portugal. Dans les yeux perçants de cet homme à la discrétion impressionnante, 61 ans de passion vous contemplent.
Depuis son premier album sorti en 1988, Antonio est une star au Portugal. Ce qui ne l’empêche pas de se produire dans des petits restaurants comme celui-ci. doxycycline hyclate On y vient pour dîner et pour frissonner, toutes les vingt minutes, à l’écoute
de ce chant classé par l’UNESCO au Patrimoine immatériel de l’humanité depuis 2011. Les lumières s’éteignent, les dîneurs se taisent, certains ferment les yeux. Un moment d’intimité qu’Antonio raconte entre deux passages sur scène.
Ecouter un extrait du dernier Fado chanté par Antonio Pinto Basto le samedi 15 février à l’Estafado :
Le reflet de la vie
L’imaginaire populaire confond souvent le fado avec un cri de tristesse et de mélancolie. A tort. « Le fado se prête à chanter la tristesse mais surtout la vie », rectifie Antonio. L’expression de sentiments très personnels ou le récit de scènes de la vie quotidienne charrient toute sorte d’émotions. L’amour, la jalousie, la vie de quartier, l’absence d’un proche… « lisinopril Le chant permet d’exprimer des émotions que l’on ne pourrait formuler http://tadalafilgeneric-pharmacy.com/ autrement », poursuit celui qui évite habilement de répondre aux questions trop personnelles. « On ne peut chanter le fado que lorsqu’on a une certaine expérience de la vie, qu’on a un peu souffert. Je n’aime pas les morceaux que j’ai écrits à 17 ou 18 ans. »
Fado furosemide for dogs et politique
« Je n’ai jamais entendu un fado contestataire », affirme Antonio, qui en situe l’âge d’or dans les années 1960, pendant la dictature. Pourtant, même si les textes n’expriment jamais un quelconque engagement, Antonio explique qu’il était associé à Salazar dans l’esprit des gens. Cette relation a d’ailleurs considérablement freiné sa carrière. Lorsque
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la dictature chute
en 1974, le fado est complètement marginalisé. Antonio, jeune fadiste ayant sorti trois petits disques, doit patienter jusqu’en 1988 pour signer son premier album. « La vie était très difficile après le Coup d’Etat, les gens étaient fous, se souvient-il. Il a fallu attendre une bonne dizaine d’années pour que les choses se calment. »
Une voix, deux guitares
Le fado lisboète est l’union d’un chanteur avec deux guitaristes. Un trio qui a la particularité de ne pas toujours se connaître avant d’entrer en scène. « Il y a deux types de fado lisboète, explique Antonio. Le premier, traditionnel, apprécié des puristes, est un poème chanté sans refrain. Le second a la structure d’une chanson, avec plusieurs couplets et un refrain. » Juste avant de commencer, le chanteur glisse à l’oreille des musiciens le titre de la chanson et le ton qu’il souhaite lui associer. Mais lorsque comme ce soir, on joue avec un monument de la guitare nommé Ricardo Rocha, ça se complique. « Ce n’est pas forcément un bon accompagnateur, il joue trop ! », s’exclame Antonio dans un sourire.
Le fado aujourd’hui et demain
Le fado n’est pas épargné par la crise de l’industrie du disque. Dès la sortie de son premier album, Antonio avait pu vivre confortablement grâce à l’exercice de son art. Aujourd’hui, il est obligé de multiplier les concerts. Mais le fado n’est pas en danger pour autant. Dans
le sillage d’une nouvelle génération de jeunes fadistes talentueux, il connaît un nouvel élan depuis une vingtaine d’années. « Auparavant, le monde du fado était un cercle fermé très exclusif. On connaissait tout le monde. Aujourd’hui, c’est devenu incroyablement vaste : tout le Portugal en chante. »
Une popularisation à double tranchant selon lui. Braquant les projecteurs sur des chanteurs qui ne connaissent pas suffisamment l’histoire du fado pour le chanter avec talent, Antonio avoue que cette ouverture est en même temps une garantie pour son avenir. Pour sa part, il continuera à le chanter jusqu’à ce que sa voix s’éteigne.
Lucile BERLAND et Michel BEZBAKH