A la fois café et restaurant, le « Vélocité » est aussi une boutique et un atelier de réparation de cycles. L’endroit idéal pour parler de la place du vélo au Portugal. Visite dans ce temple branché de la bicyclette à Lisbonne.
Niché entre les grands immeubles de l’avenue Duque de Ávila, le « Vélocité café » passe presque inaperçu avec sa petite vitrine cernée de noir. Le cadre de vélo accroché sur la devanture et la rangée de bicycles stationnés devant laissent planer un doute.
Magasin de cycles, atelier de réparation ? Les deux, mais pas seulement. Une fois poussée la porte, une piste cyclable invite cyclistes et piétons à découvrir ce café multifonction au design soigné : spots lumineux suspendus au plafond, comptoir en bois clair au centre de la pièce et musique d’ambiance électro-pop.
A l’intérieur, tout tourne autour de la petite reine. Des bicyclettes en tout genre sont exposées dans le fond, des casques et des équipements sont dispatchés aux quatre coins du local alors qu’un documentaire sur le BMX est projeté sur grand écran. « Lisbonne se devait d’avoir un endroit
où célébrer le vélo
Encore confidentiel à Lisbonne, le vélo fait petit à petit son nid dans la capitale portugaise, célèbre pour ses sept collines. Une passion naissante que souhaite accompagner le Vélocité café depuis septembre 2012. Une réduction de 10 % est promise aux clients venus à bicyclette. « Pour nous, le vélo c’est le futur des villes. Ce n’est pas seulement pour cialis for premature ejaculation les pauvres. Tout le monde y gagne. Cela permet de faire des économies, c’est bon pour la santé et l’environnement », explique le maître des lieux qui confesse dans un sourire gêné être venu en voiture au café.
Wifi, expresso et burgers de bacalhau
L’établissement attire une clientèle variée. Quand il ne sert pas de décor pour des séances photos, ses vélos sont loués pour des tournages de cinéma. En ce samedi après-midi grisâtre, rares sont les cyclistes présents dans la salle. Les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur, casque sur les oreilles, Tugba Zeydanli étudie. Venue d’Ankara en Turquie pour suivre un doctorat en économie du bonheur à Lisbonne, elle n’est pas là pour le vélo. « Je viens ici pour le wifi gratuit et c’est pratique, c’est près de chez moi », glisse-t-elle dans un sourire.
Plus loin, un couple de trentenaires s’installe. Eux non plus ne sont pas là par amour de la bicyclette. « On vient pour le café. Au Portugal c’est une de nos spécialités et ici il est très bon », assure Eladio Soares tandis que Marlène, sa compagne, acquiesce.
Il faut attendre quelques minutes avant de voir le premier client en cuissard. Casque sur la tête et chaussures de vélo, Manuel entre dans le café, sa monture à ses côtés. Ce cycliste du weekend vient au ravitaillement. « Le café est situé entre le parc de Monsanto (colline prisée des cyclistes lisboètes) et chez moi. C’est l’heure de la pause », souffle-t-il au moment de poser son vélo et effectuer quelques étirements.
Tout l’après midi se succéderont piétons, amoureux, amis, curieux à la recherche de conseils pour acheter un vélo, régler une selle ou simplement boire un verre et déguster les fameux pasteis de nata ou un burger de morue, l’une des spécialités du « Vélocité café ».
Les Portugais et le vélo : des croyants peu pratiquants
On n’y vient donc pas uniquement par passion pour le bicycle. D’ailleurs, les Portugais aiment-ils le vélo ? « Au Portugal, il y a trois grands sports : le football, le viagra over the counter usa rink-hockey et le vélo », affirme dans un rictus Pedro dos Santos, une roue entre les jambes. Ses mains légèrement noircies ne laissent aucun doute sur son rôle dans le café. Allure cool, petite lunette et bouc, visage émacié et jambes de grimpeur, le mécano s’efforce de remettre droit un guidon. Pedro est un membre actif de la communauté de cyclistes lisboètes. Il a été l’organisateur de la première world naked bike ride à Lisbonne. « Ce sont surtout les anciens qui suivent le vélo, mais il y aussi quelques jeunes », énonce le mécanicien. Pourtant, le Portugal compte parmi ses compatriotes, le champion du monde de la discipline en la personne de Rui Faria Da Costa.
Même si le nombre de pratiquants s’accroît, ils restent peu nombreux. Seul 0,5 % des Lusitaniens utilisent le vélo comme principal moyen de transport. « Les gens prennent la voiture pour aller au café à l’autre bout de l’avenue. Les Portugais sont un peu feignants là-dessus », déplore Pedro, pratiquant régulier.
Une vision que tient à nuancer João, le patron du « Vélocité » : « Il y a cinq ans, les vélos étaient pharmacy jobs in canada for foreigners inexistants dans Lisbonne. Mais cela évolue petit à petit. » Il faut que dire le relief escarpé de la ville ne rend pas la tâche facile aux cyclistes. Mais ce n’est pas la seule raison de la pratique limitée du cyclisme à Lisbonne. Le maître des lieux se lance ensuite dans une longue explication sur les habitudes culturelles des Portugais en matière de transport. « La voiture a un statut important dans la société portugaise. Pendant longtemps, il y a eu des restrictions. Acheter une voiture permettait d’accroître son niveau de vie. Dans les années 1980, l’Etat a investi massivement dans la construction d’autoroutes et encouragé l’achat de voiture avec des primes. De plus, jusqu’en 2001, le prix de l’essence était bloqué par le gouvernement qui payait la différence avec le niveau du marché. Tout ceci a changé depuis et avec la hausse du prix des transports en commun, la crise et le souci de l’environnement et du bien-être, le vélo fait de nouveaux adeptes », conclu le tenancier qui se dit satisfait de son business même s’il n’a plus trop le temps de se dégourdir les jambes à vélo depuis le lancement de son affaire .
Lisbonne et le vélo : une passion récente
Attaché
de presse à mi-temps à la mairie de Lisbonne, João Camolas se félicite du volontarisme affiché par le maire de la capitale, Antonio Costa, en matière de promotion des moyens de transports verts. « La ville investit depuis quatre ans pour développer la présence du vélo. On a déjà 60 km de pistes cyclables. Mais c’est très critiqué. Certains se plaignent que les 60 km de pistes cyclables créées suppriment des places de parking. » Quand au projet de « vélib » lisboète, João explique qu’il est toujours en attente « faute de moyens ».
Le Portugal se convertit tout doucement à la bicyclette. Se déplacer un vélo s’avère parfois très dangereux au Portugal. Les automobilistes se soucient rarement des cyclistes. L’Etat a décidé de s’emparer du problème. En janvier dernier, le code de la route portugais a été modifié pour protéger les cyclistes avec l’instauration d’une distance minimum d’un mètre cinquante pour doubler les deux roues.
Pedro apprécie de voir son pays et sa ville devenir favorables au vélo. « Lisbonne me fait penser à Paris il y a dix ans » confie ce collectionneur de vélos qui a étudié quelque mois le cialis prices maquillage et les effets spéciaux dans la capitale française. « J’aime ce que je fais ici, c’est gratifiant. Regardez, il y a des familles, des cyclistes, des jeunes. Des gens venus de l’étranger ont entendu parler de nous et viennent nous voir. Si on peut aider ces gens à utiliser davantage le vélo, c’est bien », conclut Pedro dans une moue de satisfaction.
En mars prochain, le « Vélocité café » montera d’un braquet avec des visites touristiques dans Lisbonne. De la boutique à la Tour de Bélem, ces tours guidés par Pedro proposeront en différentes étapes de découvrir l’histoire et la culture portugaises, à bicyclette.
Vincent PLEVEN