Dans un pays plombé sildenafil online par la crise économique, les Portugais restent au premier rang européen des consommateurs de jeux d’argent… Une passion dangereuse, qui a poussé le ministère de la santé à s’intéresser à la question de la dépendance.
« Le jour où les résultats tombent, tout le pays s’arrête. Comme pour un match Benfica-Sporting », confie Luisa Cabral, 27 ans. Cette jeune mère de trois enfants expatriée à Paris est revenue dans sa famille à Lisbonne depuis trois semaines, et déjà elle a passé quatre fois la porte d’une « casa da sorte » (une boutique de jeux) pour tenter sa chance. Essentiellement des « raspadinhas » (jeux à gratter), très populaires au Portugal. Vingt euros au total. « En France je n’ai même pas l’idée de jouer. C’est plus cher et tu ne gagnes jamais. Ici, même si c’est des petites sommes, tu as toujours de l’espoir. »
Sur la place Don Pedro IV, en plein centre de Lisbonne, la file d’attente de la vieille « casa da sorte » ne désemplit pas. Sous les néons blafards s’érige l’étrange statue vernie de la Reine Leonor, fondatrice de la Santa Casa de Misericordia. Cet organisme de charité détient le monopole sur les jeux d’argent depuis plus de 500 ans. De loin, Leonor ressemble à une sainte, mais il ne faut pas s’y fier : la chance tourne vite. Elle n’a pas encore souri à Francisco Vasconcelos, employé du bâtiment accro à l’Euro Millions et à la «Loteria Classica». Depuis ses quinze ans, il joue chaque semaine, religieusement. Même quand il est au chômage. Seuls les chiffres de son âge ont changé, mais à 42 ans, il croit toujours qu’il va gagner. L’impact de la crise n’a rien entamé de sa détermination.
Une première réponse publique à la dépendance aux jeux
« Depuis le début de la crise, les jeux à moindre coût se sont beaucoup développés », note Paula Marques, responsable au SICAD (*) de l’élaboration du plan national de lutte contre les comportements addictifs et les dépendances. Lancé en 2013, ce plan sur sept ans conduit par le ministère de la santé a ajouté la problématique des jeux d’argent à celles de la toxicomanie et de l’alcoolisme. Une nouveauté. Jusqu’alors « aucun plan d’action n’avait été mené par le gouvernement sur le front de l’addiction aux jeux. Ou seulement en théorie », déplore la
responsable. « Le succès de la politique que nous avons menée sur le terrain de la drogue a été déterminante dans cet ajout. Le problème de la drogue était visible, celui des jeux, beaucoup moins. Depuis le début de la crise, et le développement des jeux en ligne, c’est devenu une priorité. » Le SICAD se donne pour objectif de réduire les risques de dépendance de 20% à l’horizon 2020. Une série de moyens, notamment fiscaux, sont prévus pour l’atteindre. Mais la première chose à samples of viagra faire, « c’est de bien savoir de quoi on parle », affirme Paula.Or, l’évaluation des risques et de la proportion de joueurs dépendants est complexe, notamment à cause des centres de jeux illégaux, qui passent entre les mailles du contrôle public. Une centaine de partenaires sont associés au plan, des employés de casinos aux associations de soutien en passant par la Santa Casa da Misericordia et les universitaires, qui tentent d’appréhender le phénomène.
Avec la crise, le marketing, lui aussi, a évolué : « La tendance est à la mensualisation des gains. Vous ne gagnez pas 10 000 euros d’un coup, mais 1000 euros mensuels pendant 10 mois. » Avec un salaire minimum à 485 euros mensuels, et un taux de chômage à près de 16% la proposition est alléchante. Mais pour Paula, plus qu’une question d’argent, l’addiction aux jeux est avant tout un problème de santé publique : « La priorité n’est pas dans le porte-monnaie, mais dans le bien-être des personnes.»
(*) la SICAD est le service public portugais d’intervention sur les comportements addictifs et les dépendances.
Lyse LE RUNIGO