Le Parti National Rénovateur (PNR), seul mouvement nationaliste portugais à l’audience microscopique, organisait les 15 et 16 février ses Etats généraux. Reportage groupusculaire.
Un hôtel trois étoiles. Drôle de lieu pour une réunion politique. C’est pourtant dans une pièce exiguë du Reno, à Lisbonne, que le Parti National Rénovateur (PNR) tenait, les 15 et 16 février, ses Etats généraux annuels. « Nos locaux font moins de 30 m². On ne peut pas s’y réunir », sourit Joao Patrocinio, le secrétaire général du mouvement.
Le seul parti d’extrême droite portugais n’a pas besoin de voir les choses en grand. Marginal, il n’a jamais recueilli plus de 1% des voix aux élections. Aux législatives de 2011, seuls 18 000 Portugais ont déposé un bulletin PNR dans l’urne, soit 0,4 % des suffrages exprimés.
La crise économique n’y change rien : quarante ans après la Révolution des Œillets, le Portugal ne cède pas aux sirènes populistes. « Cette réunion est un moyen d’ouvrir le parti aux citoyens et de faire émerger les idées nationalistes », s’enthousiasme Joao Patrocinio.
« Les médias nous boycottent »
Mais l’appel n’a pas été entendu. À onze heures, la salle de réunion de l’hôtel est clairsemée. Une vingtaine de militants attend en silence le début des débats. L’attaché de presse du parti n’est pas submergé par le travail : aucun journaliste n’est présent pour couvrir la réunion. « Nous sommes boycottés par les médias, qui refusent de nous donner la parole. Résultat, les gens ne nous connaissent pas », peste Louis, un militant de 54 ans.
Un sentiment partagé par l’ensemble des participants, en majorité des hommes. Parmi eux, André, un jeune chômeur de 26 ans : « La Révolution de 1974 a installé une atmosphère de gauche dans le pays. Le CDS et le PSD (les partis de droite au pouvoir) sont des centristes, vendus au système.
Nous, nous sommes la vraie droite. »
A midi, Jose Pinto Coelho arrive enfin. L’entrée du président du PNR reprend les codes des grands meetings politiques. Sur fond de musique de film hollywoodien, le leader parcourt la salle pendant que trente militants agitent machinalement des drapeaux portugais. Scène surréaliste au regard du nombre de participants.
L’extrême droite européenne, source d’inspiration
Costume noir et cravate rouge, l’homme soigne son apparence de notable. Il ne prendra pas une seule fois la parole au cours de la matinée, laissant d’autres intervenants s’exprimer avec un micro défectueux. « La crise économique représente une réelle opportunité pour notre message, de nombreux Portugais pensent comme nous », se convainc Manuel.
Rejet de l’immigration, critique de l’Europe, nationalisme exacerbé… Le PNR reprend les thèmes qui font recette dans le reste du continent. « Jose Pinto Coelho est fasciné par l’extrême droite européenne, explique Ricardo Macchi, politologue à l’Institut des sciences sociales de Lisbonne. Il essaie d’introduire au Portugal ce qui marche ailleurs. »
En témoigne le logo du parti : une flamme tricolore emprunté au Front national. Et l’un de ses slogans : « Le Portugal aux Portugais ». Une stratégie vouée à l’échec, considère Ricardo Macchi : « Contrairement aux Français, les Portugais sont peu sensibles à la thématique de l’immigration. »
« Nous rejetons toute apologie du régime nazi »
Créé en 2000, le parti est historiquement lié aux skinheads néonazis. Une période révolue, à en croire sa direction. « Il n’y a plus de skinheads chez nous, c’est un argument du système pour nous diaboliser », s’agace Louis.
Ce 15 février, il n’a certainement pas vu cet homme au crâne rasé, arborant un sigle SS sur l’épaule droite de son blouson en cuir (photo). « Nous rejetons toute apologie du régime nazi, se défend Joao Patrocinio. Néanmoins, nous refusons de juger les gens sur leurs tenues vestimentaires. » Subtil…
Paul CHAULET