La crise a engendré toute une génération de travailleurs précaires au Portugal. Sous-payés ou exploités gratuitement, leurs perspectives
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d’avenir s’amenuisent. Sous-payés ou exploités gratuitement, certains refusent de perdre espoir et ont décidé de lutter. Rencontre.
« Elle n’est pas payée depuis novembre. Quand elle a réclamé son salaire, son employeur lui a dit que, si elle n’était pas contente, rien ne la retenait, qu’elle pouvait partir. » Inacia raconte le quotidien de son amie Paula, 46 ans, qui travaille dans une clinique de la région de Lisbonne depuis un an. « Au début, elle ne comprenait pas pourquoi les autres employées restaient seulement un ou deux mois. » Jusqu’au jour ou le couperet est tombé. Elle recevait son salaire avec quelques jours, quelques semaines de retard, puis… Plus jamais.
Paula travaille donc gratuitement depuis quatre mois. Quatre longs mois qui ne l’incitent néanmoins pas à tirer sa révérence. « Elle a déjà presque cinquante ans, ça sera extrêmement difficile pour elle de retrouver du travail », explique Inacia. Mais quelle différence finalement, si elle travaille bénévolement, jusqu’à presque 20h ?
Paula est loin d’être seule dans ce cas. Alors que le chômage s’élève à 15,6 % et que presque 40 % des jeunes sont sans emploi, nombreux sont ceux qui se voient contraints d’accepter de travailler pour presque rien. Tiago Gillot, militant engagé dans l’association Precarios Inflexiveis, souligne : « De plus en plus de Portugais ont des difficultés à boucler leurs fins de mois. » Et pour cause : plus d’un million sont en situation précaire, soit un sixième de la population active.
En septembre dernier, une vidéo a fait le tour du web. Des anonymes y apparaissent pour dénoncer l’entreprise Dialectus. Productrice de nombreux programmes de télévision connus au Portugal, tel que Masterchef, elle avait l’habitude de ne pas payer les travailleurs indépendants. « Dialectus me doit 7 000 euros », y témoigne une jeune fille. D’autres, plus chanceux, parlent de quelques centaines d’euros.
Le porte-voix des précaires
Le succès de cette vidéo montre que la génération précaire n’est pas prête à se laisser faire. Francisco Ferreira, 31 ans, en est la preuve vivante. En mars 2013, le jeune homme a créé le blog Ganhem Vergonha (« Vous devriez avoir honte »), où il recense les témoignages de victimes de conditions frauduleuses de travail. « Cela faisait trois mois que j’étais au chômage. J’avais beau envoyer près de dix lettres de motivation par jour, personne ne me répondait. J’avais la rage et j’étais frustré », explique celui qui gagne aujourd’hui 600 euros par mois.
Il reçoit des déclarations de toutes sortes : propositions de stages non payés pour des personnes diplômées, rémunérations en-dessous du salaire minimum légal portugais (485 euros brut), personnes embauchées en tant que travailleurs indépendants, c’est-à dire sans contrat. Francisco Ferreira insiste sur un cas en particulier : une société de design qui fait faire des pré-stages de trois mois non rémunérés… à des stagiaires. Comme la loi stipule que les stages de moins de trois mois ne sont pas obligatoirement rémunérés, les entreprises s’engouffrent dans la faille. Le jeune homme parle aussi de ses amis: « Il y en a un qui a postulé à un travail payé 200 euros par mois, raconte Francisco Ferreira. Lorsqu’il s’est énervé, la directrice des ressources humaines lui a rétorqué : ‘’Regardez cette pile de CV derrière moi, il y en aura bien un de ceux-là qui acceptera le job si ça n’est pas vous ». Le marché du travail, c’est la jungle. »
Pour chaque témoignage reçu, le blogueur diplômé en sciences de la communication prend le soin de vérifier et recouper les informations avant de les publier sur Ganhem Vergonha : « Je récupère les preuves, comme les mails des employeurs, et je regarde si d’autres personnes de la même société se sont également plaintes. » Le risque s’il ne vérifie pas : être poursuivi en justice par les entreprises. Mais Francisco Ferreira fait confiance à la loi. « A celles qui me menacent, je leur réponds que je serai heureux de répéter la même histoire au tribunal », explique-t-il, sûr de lui.
Autre objectif de Francisco Ferreira : mettre en place un moyen de régularisation des annonces d’emploi en ligne. Aujourd’hui, au Portugal, beaucoup ne stipulent pas le nom de l’entreprise, le type de contrat et le salaire horaire. D’autres annoncent un salaire clairement inférieur au minimum légal. « Cela devrait être illégal d’annoncer sur Internet qu’on va justement faire quelque chose d’illégal ! », s’emporte Francisco. Si sa pétition visant à systématiser ces informations atteint 4 000 signatures, la proposition pourra être examinée par le Parlement.
Quand on lui demande s’il a peur de ne plus trouver d’emploi à cause de son engagement, Francisco Ferreira répond par la négative : « Je n’ai rien à perdre, ça n’est pas possible d’être plus précaire. Je ne veux pas être un mouton. On peut changer les choses et j’espère qu’avec ce blog, quelqu’un me donnera une opportunité un jour. Un travail peut-être pas, mais une opportunité, oui. »
La lutte s’est accentuée depuis la crise
La bataille contre la précarité ne date pas d’hier. L’association Precários Inflexíveis, créée en 2011, s’est longuement battue contre les recibos verdes (« reçus verts »). Ce système, qui existe depuis les années 1980 au Portugal, fixe les conditions de travail des travailleurs indépendants : mêmes obligations que les salariés bénéficiant d’un contrat mais pas les mêmes droits. Cotisation à la sécurité sociale beaucoup plus importante car l’employeur ne participe pas, aucune allocation en cas de chômage, pas de congés payés. Problème : beaucoup de Portugais sont embauchés sous ce statut alors qu’ils devraient être salariés.
Tiago Gillot, agronome de formation mais actuellement au chômage et membre de Precários Inflexíveis, souligne : « Comme la précarité est devenue la norme, nous avons décidé d’être le mégaphone des injustices. » L’association a gagné une petite bataille contre les recibos verdes l’année dernière. En septembre, le Parlement a adopté une loi visant à limiter leur utilisation. Si l’Autorité des conditions de travail, l’équivalent de l’Inspection du travail en France, découvre qu’une personne est sous recibo verde alors qu’elle ne devrait pas, l’entreprise pour qui elle travaille a désormais dix jours pour lui faire un contrat. Malheureusement, cette entité publique a peu de marges de manœuvre. Certains de ses employés travaillent eux-mêmes avec des reçus verts.
« La société portugaise est léthargique »
Sur Internet, la plate-forme Ganhem Vergonha rencontre un réel succès. Francisco Ferreira reçoit environ un témoignage par jour, qu’il traite en rentrant du travail, le soir. « La précarité a désormais un nom : travailler sans rémunération n’est pas acceptable », explique-t-il fermement. Mais dans la réalité, peu nombreux sont ceux qui s’engagent contre la précarité, à l’image de Tiago Gillot des Precários Inflexíveis. « La société est léthargique car les gens passent la majeure partie de leur vie à essayer de survivre », réfléchit Tiago, en touchant sa boucle d’oreille qui lui donne un air insolent.
Le plan d’aide de la troïka s’achèvera en mai. « Quand la population comprendra que le gouvernement lui insuffle de l’espoir en vain, c’est possible qu’un mouvement populaire se crée à nouveau », pronostique ce militant, très engagé dès les premières manifestations contre l’austérité au Portugal. D’autres sont d’ailleurs attendues en mars.
Maëlle KERGUÉNOU