Il y a quatre ans, la mairie de Lisbonne a lancé un appel à projets pour restaurer de vieux kiosques laissés à l’abandon. Catarina Portas, propriétaire de la célèbre boutique A Vida Portuguesa, en a restauré trois. Dans un style tout particulier.
Touristes, promeneurs ou habitants de Lisbonne, peut-être avez vous remarqué, aux abords d’une place ou d’un parc, des petits kiosques – quiosque en portugais - ? Les Lisboètes s’y arrêtent pour prendre un café, un pastel de nata ou un verre de ginja. Le quiosque a des lanternes accrochées sous son toit et vend des produits typiquement portugais ? Plus de doutes. Vous êtes dans l’un des trois quiosques revisités par l’ancienne journaliste Catarina Portas et l’architecte Joao Regal. Ils s’appellent « Quiosque de refresco » et sont répartis Praça Luis de Camoes, Praça do Principe Real et Praça das Flores. Et ils sont spéciaux.
Vintage et nostalgie
De par leur aspect tout d’abord. Créés en 2009 au sein d’anciens quiosques laissés à l’abandon, ils jouent la carte du vintage et de la nostalgie du passé portugais. Les murs sont rose bonbon, blanc cassé ou violet pâle. Des lanternes rondes sont accrochées au plafond, comme dans les anciens bistros. De vieilles affiches publicitaires aux couleurs délavées ornent les murs. Des azulejos – petits carreaux de faïence bleu et blanc – sont fixés aux façades, comme pour évoquer un peu plus l’héritage de la culture portugaise. « L’idée était de parler de nostalgie, du passé de la culture portugaise, explique Catarina Portas. « J’ai voulu créer ces quiosques car je pense que beaucoup de gens sont attachés aux produits traditionnels ainsi qu’à la culture lusophone. »
Des lieux d’échange
De par les produits qui y sont vendus ensuite. Car l’évocation du passé ne se limite pas à la décoration ni à l’architecture du lieu. Bouteilles de moscatel – vin blanc doux sucré produit au Portugal -, d’Aguas das Pedras et Queijadas de Sintra se côtoient sur les étagères de la petite vitrine. Et les passants mangent comme à la mode d’antan ; ils boivent du cha de limao dans des mazagrans, sortes de grandes tasses hautes en forme de verre à pied et boivent de l’eau en y rajoutant du sirop. « Je voulais aussi créer un lieu sympa. Faire de ces lieux de passage un endroit où les gens échangent et discutent dans une ambiance poétique », explique celle qui est aussi la propriétaire de la célèbre boutique A Vida Portuguesa, un petit magasin qui vend toutes sortes de produits ayant marqué l’imaginaire portugais. Le tout en jouant sur la nostalgie et l’humour.
Et ça marche. « Les gens prennent un café le matin avant d’aller au boulot, détaille Cabrita, 29 ans, vendeuse au kiosque situé Praça de Camoes… Le midi, ceux qui travaillent aux alentours viennent s’acheter un café et une pâtisserie pour l’accompagner. Et puis, le soir, ils décompressent en prenant un verre de liqueur de cerise ou de vin » Et les Portugais adorent. « Les mercredis, jeudis et vendredis, la terrasse est pleine, surtout l’été », enchaîne Rui, 27 ans, vendeur au quiosque situé sur la Praça de Principe Real, en désignant les nombreuses chaises grises disposées
devant l’entrée. « Je viens ici presque tous les midis prendre un café. C’est mignon, la décoration est très soignée et les petits verres en carton sont très jolis », évoque Anna, 44 ans, café à la main. Même son de cloche pour Mario : « C’est vraiment sympa de pouvoir commander vite quelque chose, sans pour autant perdre du temps dans un bistro. Je suis souvent pressé et, en plus, le café bica et la petite pâtisserie ne coûtent que 1,10 euros. »
Clémence GUERRIER