Alors qu’en France le bizutage universitaire est puni par la loi depuis 1998, les actes de violence et d’humiliation font régulièrement la une des médias au Portugal. Dernier drame en date : la mort de six étudiants de l‘Université Lusófona de Lisbonne, emportés par la mer en décembre dernier.
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Si l’affaire a relancé le débat, aucune mesure n’a été prise depuis pour empêcher ces pratiques. Enquête.
En portugais, les activités organisées pour accueillir les étudiants de première année s’appellent les « praxes ». Véritable tradition depuis le Moyen Âge, ces rites sont particulièrement pratiqués dans les universités de Coimbra, de Lisbonne et dans les écoles privées, avec un objectif simple : prendre l’ascendant sur les nouveaux étudiants.
Les praxes, entre rite d’initiation et bizutage
En fonction des cursus suivis, les modes de bizutage peuvent varier : jeux alcoolisés, humiliations physiques, pressions psychologiques… Au cours des dix dernières années, on a constaté une montée de la violence, jusqu’à sa banalisation. Dans le documentaire de Bruno Moraes, « Praxis », on peut voir des étudiants en agriculture marcher à quatre pattes dans une étable, recouverts de foin par leurs camarades. Dans un autre registre, des étudiants de Master, vêtus d’une longue toge noire traditionnelle, le traje, entonnent des chants homophobes dans la cour de leur université. « On inculque finalement à ces étudiants la valeur de la domination et de l’obéissance, et non plus du partage », explique Bruno Moraes.
Quentin Descamps a passé six mois en ERASMUS à l’université de Coimbra lorsqu’il était étudiant, en 2007. Il se souvient de pratiques pouvant aller assez loin : « Les élèves de première année n’avaient pas le droit de sortir après minuit, sinon des escadrons partaient à leur poursuite pour leur raser la tête. » Au delà de ces activités dégradantes, qui restent finalement assez rares, Quentin explique que les praxes servent surtout à codifier les relations entre étudiants, à l’occasion des nombreuses
fêtes organisées tout au long de l’année universitaire.
Si les praxes sont, en théorie, facultatives, la pression sociale est grande. Dans les faits, un étudiant qui refuse de se faire bizuter sera exclu de toute forme de vie universitiare. Bruno Moraes se souvient d’une jeune fille qui, n’ayant pas été prévenue par ses camarades, n’avait pas passé ses examens. Des comportements qui peuvent traumatiser profondément les nouveaux étudiants, âgés d’à peine 18 ans.
Les praxes, organisées le plus souvent par des commissions spéciales et non par les associations étudiantes, échappent à tout contrôle. Ni la direction universitaire ni la police ni l’Etat ne peuvent – et ne veulent – intervenir. Certains y voient une forme de complicité, voire un « pacte de silence » comme l’appelle Bruno Moraes, qui peut parfois conduire à des drames.
En décembre dernier, des étudiants de l’Université Lusófona de Lisbonne se rendent à la plage de Meco pour faire la fête. Plus d’un mois après, le seul survivant révèle que six de ses amis ont péri noyés ce week-end-là. L’enquête en cours déterminera si leur mort est liée au bizutage mais il semble qu’on leur a demandé de s’assoir au bord d’une mer agitée les mains attachées dans le dos…
Un cadre légal insuffisant ?
En attendant les conclusions de l’enquête, le débat a été relancé. Pour calmer les esprits, le ministère de l’éducation a reçu les associations étudiantes et les présidents d’universités en février. Selon un communiqué officiel, « la principale conclusion de ces débats est qu’il existe des mécanismes légaux qui peuvent être utilisés pour éviter les comportements violents survenant lors de la période d’accueil des nouveaux étudiants à l’université ». Surtout, le texte insiste qu’il est « de la responsabilité de chacun […] de signaler toute pratique violente ou irrespectueuse ».
En y regardant de plus près, les mécanismes légaux existent bel et bien. L’article 75 du Régime juridique des institutions d’enseignement supérieur, portant sur « l’autonomie disciplinaire » des universités, stipule que « la pratique d’actes de violence ou de pression physique ou psychologique sur d’autres étudiants, dans le cadre des ‘praxes académicas’ […] constitue une infraction disciplinaire » (RJIES, 75, §4). En clair, les textes incitent les universités à punir toutes les formes de bizutage.
La loi est-elle pour autant suffisante pour prévenir les dérives ? Pour en avoir le cœur net, nous avons rencontré le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur. Tout de suite, le ton est donné : « Une loi d’interdiction, c’est la solution de facilité », lance José Ferreira Gomes, ancien professeur à l’Université de Porto, dans un français parfait. Selon lui, il vaut mieux contrôler qu’interdire : « Le ministère travaille, nous explique-t-il, à faire en sorte qu’il y ait plus de dialogue entre les représentants d’universités et les étudiants ».
Le but : que les encadrants soient plus présents et mis au courant des activités organisées lors des fêtes étudiantes.
Une façon de se déresponsabiliser ? Ce manque de volontarisme de la part de l’Etat s’explique par l’autonomie des universités portugaises, qui, contrairement à la France, sont considérées comme des institutions à part entière. Selon Bruno Moraes, le réalisateur de « Praxis », « l’alternative, c’est de faire évoluer les mentalités, notamment en faisant prendre conscience aux parents que leurs enfants courent un danger certain ». Beaucoup d’entre eux ferment les yeux car ils y voient encore un moyen de gravir les échelons de la société. Surtout, les étudiants ne devraient pas avoir peur de porter plainte : « Il faut casser la loi du silence », insiste Bruno Moraes.
Vers une normalisation des « praxes »
Dans certaines universités, les mentalités commencent à évoluer. À Aveiro, nous faisons la rencontre de Paulo Pintor, 24 ans. Ici, tout le monde le connaît comme le principal organisateur des « praxes » étudiantes. D’entrée, ce jeune homme mal rasé au teint mat, fait part de sa colère : « Les médias ne parlent que des cas extrêmes, mais on ne parle jamais des universités où tout va bien. »
Il affirme qu’à Aveiro, les fêtes étudiantes, appelées fainas académicas, ne comportent ni violence, ni alcoolisme, ni jeux sexuels. Depuis 1996, un règlement très strict s’impose à tous. Rédigé collectivement par les associations étudiantes et le recteur de l’université, il oblige les étudiants à communiquer le programme des activités organisées avec la direction. « Les praxes sont là pour aider les étudiants à mieux se connaître et à tirer le meilleur parti de leur vie universitaire, hors du cadre des cours », explique Paulo.
S’il reconnaît volontiers que les étudiants qui refusent de participer ont plus de mal à s’intégrer par la suite, Paulo affirme qu’« aucune consigne n’est donnée pour les exclure du groupe ». « Les activités que nous organisons sont purement facultatives », martèle-t-il, « et en aucun cas nous ne forçons les étudiants à faire des choses qu’ils n’ont pas envie de faire ».
Un exemple de responsabilisation collective, qui passe, en effet, par un changement des mentalités. Si de nombreux drames pouvaient être évités, il n’est pas pour autant acquis que le bizutage disparaîtra complètement. Comme en France où, malgré la loi, certaines pratiques humiliantes et dégradantes sont reproduites d’année en année par quelques étudiants. Jean-Paul Sartre avait peut-être raison : « Il est toujours facile d’obéir, si l’on rêve de commander. »
Clément BONNEROT et Gwladys LAFFITTE