Dans une capitale encore timide sur ce plan, les artistes en herbe d‘art contemporain ne manquent pas d’idées ni d’ambitions pour faire vivre leur ville, quitte à s’expatrier pour mieux revenir.
Miguel est de ces personnes sur lesquelles on se retourne facilement. Au détour des rues du quartier branché de Baixa, sa grande cape noire flotte derrière lui, et ses chaussures en cuir bleu canard brillent de propreté. Le jeune étudiant en design de 21 ans est passionné de vintage et ça se voit. « J’adore le passé, j’ai aussi pensé à être prof d’histoire », raconte-t-il, un sourire communicatif sur les lèvres. Il a finalement choisi la mode.
Débora et Daniela, deux brunettes discrètes, étudient la photographie dans la même école de design, IADE. Leurs photos sont exposées au Palacio Quintela. Elles s’enthousiasment quand elles parlent de leurs projets dans un anglais hésitant. Les études dans l’école privée de IADE sont chères (300 euros par mois), alors il faut les financer. Comme Miguel, les deux jeunes filles enchaînent les petits boulots dans des boutiques, car ces étudiants ne sont pas toujours soutenus par leurs familles.
Des photos d’elle,
http://lexapropharmacy-generic.com/ oil care rated appropriate is.
nue, emballée dans du film plastique. Voici le projet de fin d’année de Débora. Ces photos, elle ne les montrera jamais à ses grands-parents « parce qu’ils ne comprendraient pas ». Sous ses airs de jeune fille de bonne famille, elle a ce côté rebelle : tous ses travaux parlent des limites imposées par la société.
Fatima, Fado, Futebol
Les trois étudiants sont d’accord : choisir une filière artistique au Portugal n’est pas une décision évidente. « Mon père voulait que je fasse de l’ingénierie mécanique ! », s’amuse Miguel qui n’a pas vraiment le look de l’emploi. Pour lui, le Portugal reste le pays des trois F : « Fatima, Fado, Futebol » et il considère que la plupart des Portugais ne sont pas vraiment attirés par l’art. La dernière fois que Débora a proposé à l’un de ses amis de l’accompagner à une exposition, il a accepté mais n’est jamais venu. « Ça reste très dur de vendre ses photos », soupire Daniela. Il existe quelques bons photographes au Portugal mais ils ne sont pas nombreux. Elle cite tout de même, au détour de la conversation, Jose Luis Nato et Catarina Botelho, deux de ses modèles.
Daniela vit dans une grande maison désertée par des parents qui sont partis travailler en Suisse. « C’est pourtant l’endroit où je me sens le plus en sécurité », explique-t-elle, enthousiaste. Elle a fait de sa famille et de sa maison les sujets principaux de son travail.
Alors, pour eux, la solution serait de s’expatrier un temps pour apprendre ailleurs et revenir avec plein de nouvelles idées. Débora part au mois de mai en Espagne, à Léon, pour participer à « Horas Nos Otres
», un festival féministe où elle présentera son travail. « J’aimerais beaucoup voyager dans toute l’Europe mais je reviendrai toujours au Portugal. Ma vie est ici », clame la jeune fille, les yeux rieurs derrière ses lunettes. « J’adore mon pays, s’extasie Miguel. les Portugais sont aveuglés par la routine et ne réalisent plus qu’ils vivent dans un petit paradis. » Lisbonne est « la femme de sa vie », c’est ici qu’il veut avoir de l’influence et monter ses projets.
« Une demande va se développer au Portugal, c’est sûr »
Les trois jeunes se réjouissent en chœur d’initiatives récentes comme l’ouverture du MUDE (le musée du design et de la mode, ouvert en 2009) et d’événements un peu plus établis comme l’organisation de la Biennale de design EXD (Experimenta Design). « Une demande va se développer au Portugal, c’est sûr » estime Miguel, sûr de lui. « Lisbonne va devenir une ville internationale de l’art contemporain, comme Londres, Paris ou New York ! » Ces trois jeunes étudiants espèrent être des figures de cette scène artistique lisboète en devenir.
Juliette DUBOIS et Alexia ELIZABETH