Depuis les années 1970, la pratique du français et son enseignement diminuent massivement au Portugal. Les jeunes sont beaucoup moins francophiles que leurs parents.
« Je t’aime un peu, beaucoup, à
la folie – em verso original francisa. » Pour sa campagne de publicité, l’Institut français au Portugal joue la carte du cliché du romantisme à la française. Mais rien n’y fait : le français ne séduit plus au Portugal. « Les chiffres sont mauvais, très mauvais », se désole Herminia Daeden, chargée de la coopération éducative à l’Institut. Les classes de français dans les établissements portugais perdent en moyenne 20 000 élèves par an.
C’est une tendance longue : elle remonte à la Révolution des Œillets. Sous la dictature de Salazar, le français était une matière obligatoire au collège et au lycée. Cette politique éducative a changé après 1974 avec l’instauration de l’anglais comme première langue vivante. Et le français est, depuis, de moins en moins pratiqué par les Portugais : « Ce changement de politique a créé un fossé générationnel : les gens de plus de cinquante ans parlent le français, les jeunes parlent l’anglais ! », témoigne Herminia Daeden.
Passé de la première à la deuxième place (22,6 % des élèves portugais étudient le français aujourd’hui) au profit de l’anglais, le français est désormais concurrencé par un petit nouveau : l’espagnol, introduit dans le système éducatif en 1997 seulement. La vieille rivalité luso-espagnole appartient donc de plus en plus au passé. La langue de Cervantés connaît une croissance fulgurante : le nombre d’élèves a, par exemple, été multiplié par huit entre 2005 et 2010. La linguiste Cristina Avelino – par
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ailleurs présidente de l’Association des professeurs de français – y voit trois raisons : « Les gros investissements du gouvernement espagnol en faveur de l’enseignement de leur langue (envoi de professeurs, installation d’instituts, etc.), l’intensification des échanges économiques entre les deux pays depuis l’entrée dans l’U.E. et enfin une raison très pragmatique… Les élèves préfèrent l’espagnol car, vue la proximité linguistique, ils progressent plus vite et obtiennent de meilleures notes qu’en français ! »
La fin de la « soumission amoureuse » du Portugal envers la France
Pour Cristina Avelino, le recul du poids du français dans l’enseignement portugais est un des éléments clé d’un « certain désamour pour la France et sa culture » : « Le Portugal s’est longtemps installé dans une relation de soumission amoureuse avec la France. Aujourd’hui, la France n’est plus un partenaire privilégié. » L’ouverture politique post-révolutionnaire s’est faite en direction de la culture anglo-saxonne, au détriment de la France. « Les jeunes par exemple écoutent surtout des artistes américains ou anglais, alors que leurs parents écoutaient Brel, Brassens ou Piaf », explique Cristina Avelino.
« L’image du français chez les jeunes est plutôt mauvaise, confirme Herminia Daeden, pour eux c’est
la langue des vieux. » Et quand ils l’apprennent, c’est souvent plus par nécessité que par goût. « Nous avons de plus en plus dans nos cours des Portugais qui visent à terme à s’installer en France ou dans un pays francophone », note Francis Maizieres, directeur de l’Alliance française de Lisbonne. Cet afflux de candidats à l’émigration freine quelque peu la chute du nombre d’inscrits (division par sept par rapport aux années 1970). Il n’inversera pas la tendance.
Jean SAINT-MARC