Les mosaïques qui ornent le sol lisboète font partie des symboles de la ville, au même titre que les façades en céramique et les vieux tramways. Cet art du pavé est pourtant menacé de disparaître.
En quelques gestes experts, Georges Montero taille un pavé brut et lui donne la forme d’un cœur. « J’ai épousé mon métier », sourit-il. Il est paveur, ou calceteiro, de cette poignée d’artisans qui dessine vagues, sirènes et autres caravelles en mosaïque sur les places et trottoirs lisboètes. Les motifs en basalte noir sur fond de calcaire couleur crème sont l’une des images de marque de la ville. Ce patrimoine deux fois centenaire perd pourtant du terrain, menacé par les restrictions budgétaires et le peu d’intérêt qu’il suscite.
Le pavement blanc simple, réalisé à la va-vite par des ouvriers non spécialisés, prend le dessus sur son pendant artistique, la calçada ou « online viagra trottoir à la portugaise ». Économiquement intéressant : une trentaine d’euros le mètre carré quand le prix de la calçada d’une équipe professionnelle peut s’élever à 150€/m². Chaque pierre est taillée une à une pour former le puzzle. La mairie a annoncé la baisse du financement dédié à ce travail d’orfèvre.
Georges était de la première promotion de l’École de calceteiros, en 1986. Aujourd’hui il est devenu formateur à plein cialis effect temps. Mais la relève n’est pas assurée. La plupart des étudiants est au chômage et ne suit la formation que pour continuer à percevoir les allocations. « Les jeunes nous demandent « est ce que vous aurez un emploi pour moi à la fin ? » et en ces temps de chômage [15,6 %, NDLA] on ne peut pas leur assurer », déplore Fernando Fernandes spécialiste de la question à la mairie où officie la « brigade des paveurs ».
En baisse d’effectifs depuis plusieurs années, elle ne comprend plus how does viagra work video que 21 professionnels. Et seulement une poignée de «
Au manque de débouché s’ajoute le salaire modeste. En début de carrière c’est 485 euros brut, le salaire minimum portugais, pour se pencher des heures durant sur un ouvrage minutieux. « C’est un travail pénible, il faut le voir comme un art, une chance de créer », convient Nuno Serra, viagra le responsable de l’école.
C’est ainsi que Georges perçoit son métier. Il parle avec passion de ses œuvres, des commandes qu’il a effectuées à l’étranger : Brésil, Mozambique, Sao-Tome-et-Principe… Les anciennes colonies portugaises ont un goût prononcé pour la calçada. Le plébiscite donne du courage à la poignée d’irréductibles qui protège cet art de l’oubli.
Vers un art sanctuarisé ?
« C’est une trace de notre histoire, un des symboles buy cialis online de la ville qui sont en jeu », défend Fernando Fernandes en faisant défiler les clichés de motifs de pavement sur son smartphone. A travers ses yeux, les subtilités se dévoilent. Ce toqué de calçada explique les différentes techniques, les signatures laissées par les maîtres calceteiros, les dessins et l’histoire de chaque ouvrage. Ce fils de calceteiro connaît chaque date. Il espère un geste politique, une plus grande reconnaissance. En attente de ce réveil auquel, étrangement, il continue à croire, il développe le projet d’une carte qui répertorirait les plus belles pièces. « On ne peut pas défendre ce qu’on ne connaît pas. » Avant d’ajouter résigné : « Mais ce n’est pas le moment. » La crise, toujours elle… Fernando fonde de grands espoirs sur le service culturel
de la mairie qui cherche à obtenir le statut de patrimoine matériel et immatériel auprès de l’Unesco pour cet artisanat.
Cette étape préliminaire est attendue également à l’Ecole de calceteiros. Depuis leurs locaux presque vides en banlieue de Lisbonne, Nuno Serra et son équipe mettent en place des actions
pour attirer l’attention des portugais. « On marche dessus sans les voir les pavés », regrette-t-il. Brochures, rares visites guidées : des gouttes d’eau. L’enthousiasme de ce passionné se confronte au principe de réalité : « On ne peut pas maintenir cet art qui coûte cher dans les proportions actuelles, il cialis generic fast shipping y a des décisions à prendre pour préserver les œuvres les plus importantes. » Un pragmatisme qui donne des airs de fatalisme à ces gardiens du temple.
Juliette HARAU
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