Rua de Loreto, au cœur de Lisbonne, la boutique de cierges et de bougies décoratives « Caza Das Vellas », fondée en 1789, tente de surmonter la crise et le recul du nombre de fidèles.
Pendant près d’un siècle, les cierges de la boutique « Caza das Vellas » n’ont connu qu’une couleur : le blanc. C’est à l’occasion d’un concert du compositeur Franz Listz (1811-1886) à Lisbonne que les bougies de la rua Loreto se teintèrent pour la première fois de rouge. La première d’une longue série d’innovations pour cette maison, jusqu’alors exclusivement dédiée au sacré. Les artisans de cette boutique sculptent la cire depuis le 14 juillet… 1789 ! Rien de révolutionnaire ici pourtant : « C’est une pure coïncidence », prévient d’emblée l’élégante Margarida De Sa Pereira, la responsable.
Elle et son frère Luiz ont repris la boutique de leurs parents dès l’âge adulte. Tous descendent directement de Domingos De Sà Pereira, le fondateur de l’établissement. Pour eux, la cire est une affaire de famille. Enfants, Margarida et Luiz jouaient déjà aux vendeurs derrière le comptoir en bois over the counter viagra massif, quand ils ne traînaient pas dans l’arrière boutique, mimant les gestes des ouvriers. « Mon frère et moi avons toujours voulu reprendre l’affaire », affirme Margarida, qui continue de s’y amuser comme une petite fille.
Joindre les deux bouts de la chandelle
Mais dans un Portugal en crise, un tel héritage peut être lourd à porter. Et si le regard de Margarida s’illumine toujours pastillas sildenafil lorsqu’elle déballe les imposantes bougies de baptême ornées de broderies et d’épis de blé, http://tadalafilonline-best4ed.com/ l’heure n’est plus à l’amusement. D’ailleurs, les aiguilles de la vieille horloge qui surplombe le comptoir sont figées, le temps semble s’être arrêté. « Ces dernières années, on ne vend plus beaucoup… », soupire Margarida. Il y a toujours quelques touristes, attirés par la vitrine d’époque, qui repartent avec une bougie décorative, sculptée, parfumée, torsadée… Une clientèle impie pour laquelle la dernière génération des Pereira a déployé toute sa créativité, multipliant les formes et les couleurs, à mesure que les églises se vidaient de leurs ouailles. Les nouvelles idoles prennent la forme d’innocentes bougies parfumées.
« Les Portugais sont trop révoltés pour penser à Jésus »
Malgré la perte d’influence de l’Église, la Caza das Vellas reste destinée aux catholiques. Les églises de Lisbonne y passent toujours commande, pour Pâques et Noël. « Le reste de l’année, elles utilisent des bougies électriques », sourit la propriétaire, c’est moins salissant ». Les fidèles eux, manquent à l’appel. « Le Portugal est un pays profondément religieux. Avec la crise, on pensait que les gens allaient se tourner vers Dieu, qu’ils iraient plus à l’église. Nous avons vite compris que ça n’arriverait pas. Je crois qu’aujourd’hui, les Portugais sont trop révoltés pour penser à Jésus ».
Pour autant, certains habitués n’hésitent pas à dépenser jusqu’à 40 euros chez Margarida. Telle cette vieille cliente qui se penche sur le comptoir pour examiner sa commande et ne semble pas prête à troquer son chapelet contre un tatouage du Che. Elle vient récupérer http://cialisvsviagra2treated.com/ un Ex-Voto, une petite sculpture de cire creusée qu’elle compte donner en offrande à un Saint pour demander la guérison d’un proche. « On a tout le corps humain… Le pied droit, le pied gauche, la main droite, toute la tête, les yeux, le cœur, tout ce que vous voulez ! », énumère la propriétaire. Que deviennent les offrandes une fois le miracle accompli ? Margarida l’ignore. Ce qui est sûr en revanche, c’est que « les églises préféreraient qu’on leur donne de l’argent. Pour payer leurs factures d’électricité, leurs restaurations ou les bonnes œuvres ». Comme quoi, il ne suffit pas toujours d’avoir la foi.
Lyse LE RUNIGO