Rita et Catarina Almada Negreiros
Au rez-de-chaussée, des azulejos du 19e siècle. Au premier étage, des azulejos du 21e. Sur les murs de l’atelier des soeurs CAN et RAN s’affichent leurs réalisations, et des carreaux. Dans les ateliers de Santa Catarina, elles travaillent à deux, et signent tous leurs projets de leurs nom. Lorsqu’il s’agit de parler boulot, lamais l’une ne parle en son nom propre.
La base de leur travail, les azulejos. Des carreaux de terre cuite, peints et vernis, qui recouvrent les facades et les murs intérieurs de Lisbonne.
Un matériau qui n’a presque pas changé depuis cinq siècles, « archaique et basique » selon Rita, et qui n’offre qu’une infinité de contraintes pour la création artistique. Ses dimensions sont précises – un carré de quatorze centimètres -, sa surface difficile à peindre en raison des changement de couleurs lors de sa cuisson, et surtout, ce dernier est fixe.
Pourtant, le regard que les deux sœurs posent sur cet incontournable élément de la culture artistique portugaise touche à la poésie : « ce que j’aime dans l’azulejo, c’est la conjonction de la terre, de l’eau et du feu. Même si l’eau est retirée à un certain moment du processus, elle est nécessaire pour mouler le carreau » explique Rita.
Autour de ce Leur objectif, réinventer les azulejos.
CINETIQUE DU CARREAU
Les deux soeurs produisent uniquement des azulejos modernes, et « même si nous inscrivons notre travail dans une tradition de plus de cinq siècles, nous n’avons pas le sentiment d’utiliser un matériau ancien ». Et pour cause, les soeurs utilisent des « azulejos cinétiques ». Ces derniers, en relief, possèdent non pas une mais deux faces; qui permettent la création de deux panneaux de carreaux en un, un panneau dont le dessin change en fonction de l’observateur.
La première utilisation de ces carreaux par les soeurs Almada remonte à la rénovation de la station de métro San Sebastiao à Lisbonne. Ces azulejos en accordéon étaient conçus comme un écho au travail de Maria Keyl, figure des artistes portugais carreleurs, ayant aménagé un grand nombre de stations dans la capitale. Agée et fatiguée, Keyl laisse place aux Almada, qui réutilisent en trois dimensions un schéma conçu par Keyl, visible dans la station Intendente. L’accordéon signifie la vitesse et le mouvement du métro, et l’unique couleur blanche évolue selon l’ombre projeté sur le carreau.
Ce motif simple se retrouve dans leur dernier travail, derniers panneaux réalisés pour la municipalité de Lisbonne, et posés dans le célèbre lieu elevator da Bica.
Inspiré de la signalétique, le dessin change en fonction de la position du carrelage. Module,
Et le position de la personne
En témoigne leurs
RAPPORT AU PASSE
maria Keyl
Eduardo nery
primés pour SOS Azulejos, « les références des azulejos au portugal «
« on va faire du mieux qu’on peut » R
Réinventer l’azulejo se fait de multiples manière, en exploitant différentes propriétés. Les carreaux produits de manière industrielle sont le résultat d’une superposition de différentes couches de couleur
Même sans dessin, avec une couleur unique, la texture du carreau traditionnel ressemble à de l’eau.
21 000 carreaux, triés, numérotés à la main.
trois mois de pose; Vérifier les carreaux
ce ne sont pas elles qui posent le carreaux.
Comme pour leur nouveau projet, la réfection d’une facade rua do india. « L’architecte responsable de la rénovation de l’immeuble voulait conserver une rangée d’azulejos anciens de bonne qualité, mais sans recouvrir la facade de carreaux identiques. Nous avons dessiné le reste de la facade en utilisant les propriétés des azulejos ». Confectionnés de manière industrielle à partir de plusieurs pochoirs superposés, CAN et RAN ont dessiné le reste de la facade en réduisant le nombre de pochoirs initiaux au fur et à mesure de la hauteur, pour
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simuler une déconstruction du motif final et un envol des différentes composantes graphiques.
« Nous voulions révéler les différents dessins » explique Catarina
le smatéiraux changent, les couleurs changent, les fours changent, impossible de recréer des carreaux identiques
they are different but they assume their difference
carreaux phosphorescents,
Almada Negreiro, un héritage ambigu
Rita et Catarina évoquent leurs dessins, leurs projets, mais difficilement leur famille. Celui qu’elles décrivent comme « une sorte de Picasso portugais », José Almada Negreiros, est leur grand-père. Peintre, poète, romancier, homme de théâtre, danseur, géomètre, mathématicien, « un artiste touche à tout, un personnage riche et complexe » résume en quelques mots Rita, qui dessinait parfois quelques azulejos, » même si ce n’était pas du tout la majeure partie de son travail ».
« Lorsque tu as un nom comme celui-là, tu as plus de regards tournés sur toi » reconnait Catarina, « et les professeurs d’arts ont des attentes différentes, un autre regard sur ton travail ». Un héritage parfois lourd à porter, mais également source d’inspiration pour leurs projets. A l’occasion des 120 ans de sa naissance, les deux petites filles ont conçu une application smartphone intitulée « A Lisboa de Almada », une carte de la ville où sont indiqués les différents lieux porteurs de l’héritage culturel et politique de leur ancêtre. « Sur la carte, des points marquent les lieux liés à sa vie, là ou il a vécu, lu des manifestes, et les emplacements de ses œuvres d’art ».
Entre Tercero do Paso et le funiculaire de Bica, sur une promenade longeant le Tage, se trouve la seule oeuvre réalisée par le duo en guise d’hommage à leur grand-père. Pensée plus comme un dessin se découpant dans l’air de Lisbonne qu’une sculpture massive, « la première et peut-être unique sculpture que l’on fera » comme elles aiment la présenter, reprend un autoportrait cubiste de José Almada. Quelques centimètres qui se transforment, « à la fin, en un projet de 9 mètres de hauteur et 14 centimètres de profondeur ». Quatorze centimètres. Cela ne s’invente pas.
Camille Regache