Arthur Hanse, 21 ans, a porté le drapeau de la minuscule délégation portugaise (deux athlètes) aux Jeux olympiques d’hiver. Il est Français d’origine portugaise par ses arrières grands-parents et disputera le géant puis le slalom à Sotchi, ce mercredi 19 et ce samedi 22 février. Entretien avec un skieur atypique.
Arrière petit-fils de Portugais immigrés en France, Arthur Hanse est porte-drapeau de la petite délégation de son pays à Sotchi. (DR)
« Arthur Hanse, vous êtes Français et porte-drapeau de la délégation portugaise à Sotchi. Comment est-ce possible ?
En 2011, j’ai approché la fédération portugaise de ski car l’équipe de France et mon comité régional m’ont fermé la porte. Je sortais d’une année sans résultats à cause d’une grosse blessure. Albano Da Silva, mon parrain, m’a suggéré de courir pour mon second pays, le Portugal. En effet, mes arrières grands-parents étaient Portugais et ont émigré en France. J’ai
alors changé de nationalité.
Comment avez-vous été accueilli ?
Très bien. J’ai proposé de courir pour le Portugal pour avoir ma place de titulaire dans chaque compétition mondiale. En échange, je représente le ski portugais. Pour la Fédération, ça a été une occasion : jamais un skieur aussi bien classé n’avait porté leurs couleurs (il est au-dessus de la 1000e place au classement FIS).
« Je dépense 80 000 euros par an pour le ski »
Pouvez-vous désormais courir sans problèmes financiers ?
Pas du tout. Leur soutien n’est pour l’instant que… moral. C’est une petite Fédération, qui se construit progressivement, et j’espère qu’elle pourra m’aider davantage financièrement. Car skier à haut niveau et en solitaire coûte très cher. Je dépense environ 80 000 euros par an pour le ski. Je suis donc obligé de trouver des sponsors tout seul et de travailler
en plus… le tout en faisant mes études.
Représenter le Portugal, c’est juste un moyen de courir au plus haut niveau
?
Pas seulement. Je souhaite construire une équipe portugaise bien classée au niveau mondial. Ca peut paraître bizarre mais je suis sûr qu’avec l’énorme diaspora et la petite station portugaise de la Serra da Estrela, il y a un énorme potentiel. Actuellement, le Portugal ne croit pas beaucoup au ski et ne vit que pour le foot. Je trouve ça dommage et j’aimerais que les skieurs actuels et futurs soient reconnus comme de véritables sportifs de haut niveau et non de simples amateurs de glisse.
« Le ski n’est pas réservé qu’aux montagnards »
Les Portugais sur des skis, c’est quand même surprenant
Oui, et ce n’est pas normal. J’habite en France, dans les Alpes (Arthur est au Ski Club des
Gets, en Haute-Savoie) et pourtant je me prépare dans le monde entier toute l’année. Je porte les couleurs d’un pays où je ne peux pas m’entraîner correctement (une seule station, avec 200 m de dénivelé). Le ski n’est pas réservé qu’aux montagnards. Ce n’est pas parce que l’on habite loin de la mer que l’on ne peut pas faire de voile ! Et puis, si on veut vraiment rentrer dans ce débat stupide, le Portugal possède une station, même si elle est petite. Ce n’est pas le cas de la Belgique, pourtant mieux représentée que nous aux JO (La délégation belge à Sotchi compte sept athlètes, contre deux pour le Portugal).
Comment développer le ski au Portugal ?
Le travail de pharmacy career opportunities in canada la Fédération, qui consiste à repérer des talents d’origine portugaise dans le monde entier (lire ci-dessous), est positif. Les Portugais et la how often can viagra be taken diaspora peuvent en effet se rendre compte, en regardant les JO, qu’ils ont la possibilité de porter les couleurs de leur pays. La petite station existante doit aussi susciter des vocations. Il faut que le ski se démocratise : il coûte trop cher aujourd’hui. Il faut trouver des financements dans le pays grâce à la médiatisation et au sponsoring pour permettre à tous d’avoir une chance d’atteindre le haut niveau. Je pense que nous lançons une belle dynamique. »
Propos recueillis par Vincent GRIMAULT
Chasse aux talents à la Fédé
A 300 km de Lisbonne, au pied de la Serra da Estrela, principal relief continental du pays (1993 m), la Fédération portugaise de ski s’active pour développer ce sport. Principale action : repérer les jeunes les plus talentueux de la diaspora portugaise. « On observe attentivement ce qu’il se passe en Andorre, en France, au Luxembourg et en Allemagne », précise-t-on à la Fédération. L’aide est principalement administrative, car la Fédération n’est pas riche. Elle tente par ailleurs de susciter des vocations grâce à l’unique station du pays.
V.G