En laissant aux restaurateurs et barmans la liberté d’autoriser la cigarette dans leurs établissements, les Portugais font figure d’irréductibles Gaulois en Europe. Mais pour combien de temps ?
Le laxisme du Portugal en matière d’autorisation de fumer n’est visiblement pas pousse-au-crime. «Seulement» 32 % des Portugais et 14 % des Portugaises fument quotidiennement, d’après les chiffres de la Direction générale de la santé de 2012. C’est moins qu’en France où, selon les plus récentes données de l’Inpes (2010), 35,5 % des hommes et 27,9 % des femmes sont accros.
Mais les fumeurs portugais risquent de perdre bientôt leur confort. Une loi sur le tabac, prévue pour 2013 puis reportée à 2014, pourrait conduire à une interdiction totale dans les bars et restaurants. « J’ai fait un investissement important en infrastructure pour pouvoir autoriser la cigarette, et bientôt tout mon système de ventilation deviendra complètement inutile», déplore Vitalina, responsable d’un restaurant de poisson dans le quartier animé de Bairro Alto, à Lisbonne. « Aujourd’hui, j’ai une salle fumeurs et une salle non-fumeurs, cela satisfait tout le monde », poursuit-elle. Une loi anti-tabac de 2008 impose en effet des normes strictes en terme d’extraction de la fumée. De nombreux restaurateurs ont dû entreprendre des travaux pour s’y conformer.
De moins en moins d’établissements fumeurs
Attablé dans un grand café du centre de la capitale, en espace fumeurs, Pedro tient le même discours : « Je suis contre cette loi car nous avons les technologies nécessaires pour évacuer la fumée correctement. Pourquoi nous enlever notre liberté ? »
![Les établissements disposant d'une salle fumeurs sont tenus de l'indiquer à l'entrée (Margaux Leridon/ CFJ)](/wp-content/uploads/2014/02/Autocollants.jpg)
Les établissements disposant d’une salle fumeurs sont tenus de l’indiquer à l’entrée. (Margaux Leridon / CFJ)
Quelques tables plus loin, Paulo et Tiago, la quarantaine, bière en main et clope au bec, avouent choisir leurs lieux de rendez-vous en fonction de la possibilité de fumer à l’intérieur : « C’est de plus en plus rare, explique Paulo. Petit à petit, tous les restaurants sont en train de devenir non fumeurs. »
Sur les portes des établissements lisboètes, les autocollants rouges, indiquant l’interdiction du tabac, sont bien plus fréquents que les bleus, synonyme de liberté. Sûrement une façon pour les commerçants d’anticiper un changement de législation imminent.
Margaux LERIDON