A Cova da Moura, l’une des banlieues les plus malfamées de Lisbonne, le projet de visites touristiques « Sabura » a dix ans. Cynique ? Pas pour les responsables. Ils y voient le moyen de développer l’économie locale et de réhabiliter l’image du quartier, toujours très négative. Reportage.
« C’est très dangereux là-haut. Il faut éviter de s’y attarder, surtout le soir », prévient une passante, au pied de la colline de Cova da Moura. « Là-haut » s’érigent les masures colorées d’une banlieue que le quotidien Libération qualifiait en 2002 de « quasi-bidonville ». Et pourtant, « depuis que le projet touristique Sabura a été lancé en 2004, entre 500 et 700 touristes viennent ici chaque année », affirme Godelieve Meersschaert, 68 ans, ex-présidente de Moinho da Juventude ; cette association gère les visites guidées. Malgré son panorama époustouflant, cette colline de 7000 habitants souffre toujours d’une triste réputation : criminalité endémique, toxicomanie, chômage de masse… Encore aujourd’hui, certains taxis refusent de s’y aventurer la nuit.
« Il n’y a rien à voir à Cova »
Il fut d’autant plus difficile à l’ancienne présidente de Moinho da Juventude de convaincre les habitants levitra vs cialis de l’utilité du projet. « Qu’est-ce que des touristes viendraient faire ici ? Il n’y a rien à voir à Cova », estimaient certains d’entre eux. Ni musée, ni cinéma, ni monument historique. Les fils électriques font office de sèche-linge, quand ils ne pendent pas tout bonnement dans le vide. Dans la rue principale, une demi-douzaine de machines à laver semblent attendre le passage des éboueurs, dans l’indifférence générale. De l’enchevêtrement de petits escaliers rouillés, des baraques rafistolées, encaissées, repeintes, une mystérieuse beauté se dégage. Et sous l’épais brouillard qui recouvre les hauteurs, la vie ne s’est pas arrêtée. D’improbables embouteillages se forment dans les virages les plus étroits, tandis que des passantes contournent les voitures, les bras chargés de is viagra over the counter canada provisions.
« On est tous un peu des voyeurs »
États-uniens, Sud-Américains, Français… Le monde entier se retrouve à Cova. Ils sont étudiants ou retraités, parfois de simples curieux. Des voyeurs ? Pour l’ancienne présidente de Moinho da Juventude, « on est tous un peu voyeur ». Pour autant, sa tolérance a des limites. « Vous pouvez prendre des photos si vous demandez la permission à la personne avant. Les gens vivent dehors, et quand vous les photographiez ici, c’est comme si vous étiez chez eux, explique-t-elle, il y a plus à retirer de ces visites que de simples photos-souvenirs ». Le touriste en bermuda, sac-banane et téléobjectif passera vite son chemin devant le regard tantôt farouche, tantôt excédé de certains habitants, perchés sur leur balcon. Cette réserve, Godelieve la comprend : « Les actualités nous rendent responsables de tous les malheurs du pays, mais ils ne connaissent pas la réalité de cet endroit, s’emporte la vieille dame. Bien sûr qu’il y a du trafic, de la violence. Mais quand vous passez un peu de temps ici, vous vous rendez-vite compte que la majorité des gens sont très généreux, et qu’il existe une grande solidarité entre les voisins. » Les visites se concentrent donc sur les points positifs : les installations de l’association. Une crèche, une école maternelle, une librairie, une cantine commune, ou encore un studio d’enregistrement flambant neuf pour les adolescents de Cova. Une opération de séduction qui vise aussi à réduire l’isolement des habitants, et l’ostracisme des quartiers voisins.
Un concentré de culture capverdienne
Silvino Furtado est chez lui à Cova. Depuis quelques années, il y assure les visites du projet Sabura. Avec sa démarche nonchalante, son ample manteau et son jogging bleu trop large, il ne passe pas inaperçu. Vissée sur la tête, sa casquette est ornée d’un B majuscule brodé au fil rouge. B comme Bino, son surnom à Cova. Silvino, comme 75 % des habitants du quartier, est d’origine capverdienne. Sa mère collabore à Moinho da Juventude ; elle herb viagra ingredients est membre de Finka-pé, un groupe de Batuque, cette musique traditionnelle du Cap Vert jouée lors des grandes cérémonies. Adolescent, il traînait déjà dans les locaux de Moinho, donnant un coup de main à ses heures perdues. A Cova, il a ses habitudes. Le midi, il déjeune chez des copains cuisiniers. Au menu, ils proposent des plats typiques du Cap Vert, des assiettes à base de poisson accompagné de riz ou de pommes de terre bouillies. Au détour d’une rue, une odeur de saucisse s’échappe d’une échoppe. La restauratrice prépare une cachupa. Ce repas traditionnel, à base de charcuterie, se déguste avec du maïs et des haricots secs. Des senteurs et des saveurs de l’ancienne colonie, omniprésente à Cova. L’endroit mérite bien son surnom de « onzième île du Cap Vert ».
Un projet à développer
Une culture des îles qui intéresse particulièrement Laura Kutter. La jeune femme arrive directement de Stuttgart, où elle travaille dans une agence de voyage pour non-voyants. Après l’Alsace, le nord de l’Italie et l’Andalousie, elle souhaite proposer un parcours à Cova à ces clients un peu particuliers. De tels partenariats permettront au projet Sabura de se développer. « Le tourisme est fondamental ici, explique Bino, c’est bon pour l’économie du quartier. Les visiteurs dépensent dans les restaurants et les coiffeurs afro sont une attraction locale. » Le guide vient chercher Laura d’un pas traînant à la station service, en bas de la colline. Les habitants accueillent l’étrangère avec un sourire. Elle semble emballée : le quartier est bien entretenu, l’ambiance est détendue. Cinq rues et une trentaine de minutes plus tard, Bino écourte la visite. « J’ai l’impression qu’on n’a pas tout vu. Silvino nous a caché une partie du quartier », soupire Laura, frustrée. Elle a raison, Cova s’étend beaucoup plus au Nord. Seulement, il vaut mieux éviter de se balader dans certains endroits, où les dealers règnent en maîtres. Pour autant, à la fin de la visite, Laura répond très positivement au questionnaire « de satisfaction » mis au point par l’association. Peut-être que le regard insistant de Silvino au-dessus de son épaule y est pour quelque chose…
Lyse LE RUNIGO et Marie FORTUNATO (diaporama de Clémence GUERRIER)
Godelieve Messchaert, l’étincelle de Cova
Sous son long manteau couleur prune, Godelieve
viagra. http://cialisgeneric-treated.com/. buy levitra. levitra shelf life. viagra. http://genericviagra-edtreatment.com/. doctor of pharmacy salary canada. buy cialisMesschaert a toujours de bonnes jambes. A 68 ans, l’ancienne online pharmacy technician certification canada présidente de l’association Moinho Da Juventude n’a rien perdu de son entrain. Un parapluie en guise de canne, elle part à la rencontre du voisinage, dans ces ruelles accidentées qu’elle arpente depuis plus de trente ans. Sur son passage, tous les habitants la gratifient d’un signe de tête déférent, ou l’interrompent d’un chaleureux « Lieve, como esta ? ». L’échange peut s’éterniser, sans que la vieille femme montre le moindre signe d’impatience. Au contraire, elle écoute attentivement, questionne, conseille… « Non, bien sûr que je ne les connais pas tous, il y a 7000 personnes qui vivent ici ! », s’exclame-t-elle. Eux en revanche savent très bien qui elle est, et ce qu’ils lui doivent. Cette ancienne psychologue belgo-portugaise a élu domicile dans le quartier de Cova da Moura en 1982. Elle et son époux pensaient au départ y rester un ou deux mois. A l’époque, 900 habitants n’avaient toujours pas accès à l’eau courante et à l’électricité. Lieve s’empare du problème. Il lui faudra plus de trois ans, avec les autres membres de l’association et le soutien des habitants, pour obtenir les installations de la mairie. Bien d’autres chantiers ont suivi, de la bibliothèque pour les enfants au soutien à l’emploi ou la création de services de proximité. Des chantiers sur lesquels la retraitée continue de veiller au grain.
L.L.R.
Sur les pas de l’histoire de Cova
Elsa Casimiro vient de soutenir sa thèse à l’université d’Amsterdam. Durant cinq ans, elle a observé trois familles capverdiennes de Cova da Moura. Cette Portugaise raconte l’histoire du quartier.
« D’où viennent les habitants de Cova da Moura ?
Les premiers sont des Portugais rentrés des colonies, dans les années 1970, en raison des guerres d’indépendance en Angola et au Mozambique. La place manquait à leur retour, alors ils se sont installés en périphérie de Lisbonne. Le nom de la zone vient d’une
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Comment s’est construit le quartier ?
De bric et de broc et dans une complète illégalité. Les habitants ramenaient des débris des chantiers où ils travaillaient. La construction s’est réalisée dans une grande solidarité. La terre appartenait dans sa majorité à une seule grande famille : les Canas.
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Quel avenir pour la « onzième île du Cap Vert » ?
A Cova, il est désormais interdit de construire. Le quartier ne peut plus s’étendre alors que de nombreux migrants y débarquent. Entre 2007 et 2011, le gouvernement a tenté de « légaliser » l’endroit. Il a réparé des maisons, mis en place une campagne d’alphabétisation. Mais aujourd’hui, Cova est seul dans la tourmente de la crise et du chômage. L’Etat offre juste une aide au retour au Cap Vert. Mais, je pense que le quartier va survivre. A Cova, ils vivent en autarcie, ils continuent de cultiver cette solidarité. La lutte pour leur quartier n’est pas terminée. »
Propos recueillis par Marie FORTUNATO